Mousse
Le travail dans les forges : l’enfer
Achille Moyon :
« Je suis entré en 1915, comme mousse. C’était la guerre. J’avais douze ans. »
[…] « Les hommes, ils étaient en flanelle, en blouse, en maillot, ça grillait la peau. Ils approchaient, pas trop près, avec des pinces pour tourner les lingots, et si c’était pas assez chaud, ils renvoyaient au four. Les gosses comme moi, on devait prendre les lingots à la sortie du four, comme une anguille par la tête, pour les porter sur les wagons. […]
Celui qui connaissait pas l’usine, on le ramenait bien souvent le soir sur une civière, ou des fois même avant, après une ou deux heures. Il avait pas vu le danger. Fallait être jeune, fallait être élevé là-dedans pour sauter par dessus les ferrailles rouges… […] Y avait parfois des barres qui traversaient les corps des hommes comme rien. »
« L’argent ? On grappillait pas grand chose alors. Quarante sous par jour. Le pain de six livres à huit sous, la livre de beurre à huit sous. C’était la pêche qui nous sauvait : l’Usine de six heures à six heures - douze heure par jour on faisait - et puis la moitié de la nuit la pêche en Brière. Alors on s’était pris à avoir deux ou trois vaches, pour un peu de lait, du beurre, et puis le carré avec des patates, des légumes. »
Trignac, une cité en devenir de 1880 à 1960, Collectif,
Association Trignacaise pour la lecture, AREMORS